André HEUZÉ

 (Saint-Arnoult-en-Yvelines, 1880-Paris, 1942)

heuze andre

Jean-Claude SEGUIN  

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Andrien, Louis Heuzé et Louise, Léonie Augustine Malnou. Descendance :

  • André, Léon, Louis Heuzé (Saint-Arnoult-en-Yvelines, 04/12/1880-Paris 10e, 17/08/1942) épouse (Paris 10e, 26/09/1939) Marie Marthe Lebrun.

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Employé de commerce, André Heuzé est déjà auteur dramatique en 1900 comme cela figure sur son matricule militaire.

Pathé (1904-1906)

André Heuzé arrive à la société Pathé en 1904. Louis Feuillade se souvient de sa rencontre avec lui alors qu'Heuzé vient d'entrer dans cette entreprise :

Ce matin-là, l'André Heuzé qui se présenta devant moi était mis avec une recherche  inhabituelle : jaquette et pantalon de bonne coupe, chaussures fines, chapeau haut-de-forme, gants, etc. enfin, tout ce qu'il fallait pour transformer en émule du Prince de Sagan mon camarade Heuzé.
- Comme te voilà mis, lui dis-je, as-tu fait un héritage?
- Non, me dit-il, mais je viens d'entrer pour faire du cinéma à la maison Pathé, où je touche des appointements mirifiques de cinq cents francs par mois. Il ne tient qu'à toi d'en faire autant. Si tu veux, je vais te présenter à mon ami Dupuis, Directeur artistique de la Maison.
J'étais ébloui et j'acceptai, naturellement, la proposition de mon excellent camarade. D'un pied léger, nous partîmes chez Pathé, où Monsieur Dupuis nous promit de faire très prochainement appel à mes services.
Quelques jours passèrent, et je reçus de lui la lettre attendue me convoquant à son bureau. Mais, quand j'y arrivai : patatras... une révolution intérieure avait eu lieu (vous connaissez cela dans le cinéma) et Monsieur Dupuis n'était plus Directeur artistique chez Pathé. J'étais navré.
Heuzé me consola : - Écoute, me dit-il, je vais tâcher de me mettre en rapport avec le nouveau Directeur artistique et lorsque j'aurai réussi à être avec lui en aussi bons termes qu'avec son prédécesseur, je lui parlerai de toi et je te ferai un signe. Quelques jours à patienter seulement...
Puis, se ravisant, Heuzé me dit :
_ Mais, au fait, pourquoi n'irais-tu pas là-haut à Belleville, où vient de se fonder une toute petite boîte, qui s'appelait Maison Gaumont. Les Établissements Gaumont étaient à l'aurore de leur prospérité, une aurore qui est devenue un jour resplendissante de lumière..."


Gaston Phélip, "Nos réalisateurs. Louis Feuillade", Le Courrier cinématographique, 16 août 1924.

En quelques années, il devient l'un des metteurs en scène les plus importants qui signe de très nombreux films comme Les Gants blancs de Saint-CyrLes Quatre Cavaliers de l'ApocalypseChampignol malgré luiLa Dame en noir...

Le Film des Auteurs et le Syndicat Professionnel des Auteurs (1910-1912)

En [1910], André Heuzé, Lucien Gleize et Maurice Desvallières constituent la société "Le Film des Auteurs" dont l'objet est réaliser des films comiques.

heuze film auteurs
Les Marques internationales, Berne, Bureau International de la Propriété Industrielle, 1910, p. 67.

Les premières vues sont éditées pour le 15 septembre 1910. C'est la société du Monofilm qui est chargée de l'exploitation commerciale de l'affaire. Peu après, André Heuzé est chargé par la Société des Auteurs de rédiger un rapport sur la question des droits des recettes des salles cinématographique. L'idée est d'imposer une taxe aux oeuvres cinématographiques inspirées de pièces de théâtre afin de protéger les intérêts des auteurs. Dans le journal Gil Blas, Heuzé va offrir un explication détaillée du projet :

Les auteurs dramatiques et le cinématographe
Les recettes des théâtres ordinaires s'étant chiffrées, l'an dernier, par 33 millions de francs, et celles des cinématographes par 8 millions, on voit quel considérable intérêt il y aurait pour les auteurs à percevoir des droits sur la recette des théâtres de cinématographes où leurs œuvres sont représentées.
C'est ce que M. André Heuzé, chargé de ce soin par le Syndicat professionnel des Auteurs, a parfaitement fait ressortir dans un rapport qui fut présenté à la Société des Auteurs.
Celle-ci s'est aussitôt préoccupée d'étudier cette question si importante et il est à prévoir qu'elle aboutira sous peu à étendre son action aux scènes de cinématographes.
Mais, comment pourra-t-on organiser la perception dans ces établissements ? M. Théodore Henry, président du syndicat, et M. Heuzé ont bien voulu nous l'expliquer.
"II y a quatre sortes d'intérêts en jeu dans cette affaire, nous disent-ils ; celui des auteurs dramatiques, celui des éditeurs de films, celui des exploitants et aussi celui des directeurs de théâtres ordinaires.
"Pour les auteurs, la question est claire; nous sommes unanimement d'accord. A la suite du rapport de M. André Heuzé, nous avons reçu au syndicat l'approbation de la totalité de nos adhérents. La parole est, aujourd'hui, à la Société de la rue Henner, qui seule a qualité pour agir commercialement. Notre œuvre a été de la mettre sur la voie d'une réforme avantageuse, elle est, à ce point de vue, terminée.
"Pour ce qui est des éditeurs de films,la réforme ne pourrait qu'être productive pour eux. A l'heure actuelle, ils paient aux auteurs leurs scénarios et leur attribuent une somme variable par mètre de film vendu. Si les représentations cinématographiques rapportaient un pourcentage aux auteurs, ils n'auraient plus à leur payer les scénarios, d'où économie certaine. En plus, en tant qu'éditeurs, et ainsi que cela se passe pour les œuvres musicales et dramatiques, ils auraient, eux-mêmes, droit à une part proportionnelle de ce pourcentage.
"Enfin, comme la perception ne peut s'organiser que dans les pays statutaires, c'est-à-dire ceux qui protègent la propriété littéraire et artistique, et que, dans ces pays, en raison du grand nombre d'agences de location, ils vendent très peu de scénarios, ils y retrouveraient du coup une source de revenus qui est presque tombée à rien ces dernières années. D'autre part, leur vente dans les pays non statutaires resterait la même.
"Quant aux directeurs de scènes cinématographiques, ils ne pourraient trouver injuste et excessif de payer un pourcentage sur des recettes que les œuvres des auteurs ont rendues plus considérables. Un spectacle de cinématographe est un spectacle monté au même titre qu'un spectacle de comédie ou de drame ; il doit lui être assimilé. En outre, la nouvelle organisation permettrait aux éditeurs de leur vendre les films à un prix très inférieur au prix actuel. Si, maintenant, ces directeurs répugnaient à sortir de leur caisse le pourcentage légitime qui leur serait, qui leur sera demandé, ils auraient toujours la ressource de suivre l'exemple de certains directeurs de grandes scènes, qui perçoivent droits d'auteurs et droits des pauvres, en sus du prix ordinaire des places.
"Enfin, en ce qui concerne les directeurs de théâtres ou de concerts, ils ont tout intérêt à voir aboutir nos revendications. Ils souffrent de la concurrence croissante que leur font les cinématographes. En conséquence, ils ne peuvent qu'abonder dans notre sens.
"Toutefois, nous ne voulons pas, nous n'entendons pas faire la guerre au cinématographe, non plus que tenter de porter obstacle à cette industrie dont nous bénéficions et dont nous bénéficierions encore davantage.
"Le pourcentage que nous voudrions obtenir serait des plus raisonnables et, d'ailleurs, variable selon l'importance des établissements. Ainsi que le théâtre du Vaudeville paie, par exemple, 12 % de droits d'auteurs, et celui de Belleville, 6% seulement, tel grand cinématographe du centre serait plus fortement taxé qu'un autre de la banlieue. C'est une question d'espèce qui serait réglée par la suite.
"La perception serait facile à opérer. L'assistance publique, qui ne perd nulle part ses droits, nous en fournit tous les jours la preuve formelle. Et la Société des Auteurs dramatiques, ainsi que la Société Lyrique, après entente de leur commission intersociale, établiraient aisément, à l'aide de leurs organisations existantes, le service complémentaire qu'impliquerait la situation nouvelle.
De nombreux points de détail restent encore à étudier et à fixer, c'est ce à quoi s'occupe activement la commission de la rue Benner, qui a nommé, à cet effet, une sous-commission, prise parmi ses membres, et à laquelle furent adjoints, en outre, deux auteurs, MM. Gugenheim et Claude Roland. Cependant, dès aujourd'hui, le principe qui nous intéresse est admis.
"La société qui groupe les auteurs, qui, de par sa composition, peut imposer sa loi, n'à qu'à décider. Sa façon de procéder sera simple : ne traiter qu'avec les théâtres de cinématographes s'engageant à lui verser le pourcentage réclamé. Les autres se verraient, de ce fait, interdire de représenter les œuvres de ses membres.
"La société possède ce droit ; un article de ses statuts interdisant à ses adhérents, stagiaires ou sociétaires, de se faire jouer ailleurs que sur les scènes avec lesquelles elle a traité.
"Réduits à la seule production des auteurs étrangers à la société — et ceux-ci constituent une minorité plus qu'infime où à la seule ressource des films d'actualité, les directeurs récalcitrants, s'il s'en trouvait, seraient vite forcés de céder.
"Mais il ne se trouvera pas, nous l'espérons bien, de directeurs récalcitrants ; et cette révolution du progrès moderne sera; en fait, une simple et avantageuse évolution."
Tel fut l'exposé très clair de M. André Heuzé, fort au courant de toutes les questions cinématographiques, et de M. Théodore Henry, le dévoué président du Syndicat des Auteurs.
Le Syndicat, qui compte à peine quatre années d'existence, a déjà eu l'honneur de faire aboutir cette réforme : le rachat des charges d'agents généraux de la, société. Ce sera un nouvel honneur pour lui, d'avoir, cette fois encore, pris une initiative heureuse et profitable.
Fortuné Paillot.


Gil Blas, Paris, vendredi 29 décembre 1911, p. 4.

L'un des opposants au projet est Charles Decroix qui fait valoir, entre autres, que le cinématographe bien antérieur au Syndicat Professionnel des Auteurs et que le projet exclurait les auteurs qui se consacrent uniquement au cinématographe.

L'auteur de théâtre ([1911]-[1924])

Les activités d'André Heuzé ne se limitent pas au cinématographe, il est également un auteur de théâtre prolifique. Il entretient, en particulier, une longue collaboration avec Étienne Arnaud :

Le théâtre Cluny annonce pour ce soir une première représentation, celle de la Ceinture électrique, vaudeville en un acte de MM. André Heuzé et Etienne Arnaud.
MM. les critiques et courriéristes seront reçus au contrôle sur la présentation de leur carte.


La Figaro, Paris, 14 juin 1911, p. 6.

À partir de 1913, il va réaliser plusieurs "revues cinématographiques". En 1916, il est directeur du journal Le Film. Il décède en 1942:

On apprend le décès de M. André Heuzé, auteur dramatique, survenu le 17 août 1942, dans sa 62e année. Les obsèques auront lieu demain jeudi, à 11 heures, en l'église Saint-Laurent, sa paroisse, où l'on se réunira.


Le Matin, Paris, 19 août 1942, p. 2.

Sources

LEFEVRE Maurice, "Les Grands Tondus", Le Monde artistique, 16 décembre 1911, p. 787-789.

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1905

Dix femmes pour un mari (Pathé)

Le voleur de bicyclette (Pathé)

1906

Le Déserteur (Pathé)

La Voix de la conscience (Pathé)

Les Meurt de faim (Pathé)

La Loi du pardon (Pathé)

La Course à la perruque (Pathé)

Les Malheurs de Madame Durand (Pathé)

Le Billet de faveur (Pathé)

Drame passionnel (Pathé)

Les Étudiants de Paris (Pathé)

Boireau déménage (Pathé)

Chiens contrebandiers (Pathé)

Mortelle idylle (Pathé)

Les Débuts d'un chauffeur (Pathé)

La Fille du sonneur (Pathé)

Pauvre mère (Pathé)

Les Dessous de Paris (Pathé)

La Grève des bonnes (Pathé)

La Femme du lutteur (Pathé)

L'Âge du cœur (Pathé)

1907

La course des sergents de ville (Pathé)

À Biribi, disciplinaires français (Pathé)

Les Femmes cochers (Pathé)

La Lutte pour la vie (Pathé)

La Grève des nourrices (Pathé)

La Vengeance du forgeron (Pathé)

Un drame à Séville (Pathé)

1908

Le Cheval emballé (Pathé)

Mon pantalon est décousu (Pathé)

Un duel à la dynamique (Pathé)

Les Chiens ambulanciers (Pathé)

La Victime (Pathé)

Deux vieux amis de collège (Pathé)

1911

La Ceinture électrique (vaudeville) [co-auteur: Etienne Arnaud]

1913

Champignol malgré lui

De film en aiguille (revue cinématographique) [co-auteur: Jean Bastia].

1916

Les Gants blancs de Saint-Cyr

1917

Ils y viennent tous... au Cinéma ! (revue cinématographique) [co-auteur G. Secrétan]

1919

La mariée du régiment (opérette-bouffe) [co-auteur Joachim Renez]

1922

Lulu, garde ton coeur (vaudeville) [co-auteur: Etienne Arnaud]

Manoeuvres de Nuit (opérette) [co-auteur : Etienne Arnaud]

1924

Le Tour du Monde d'une midinette (opérette) [co-auteur : Etienne Arnaud]

autres productions

Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse

La Dame en noir

Le Crépuscule des Dieux

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