RALEIGH & ROBERT

Historique

Jean-Claude SEGUIN

Les origines de l'entreprise (1903)

Dès la fin août 1903, le local du 14 Passage de l'Opéra (Galerie de l'Horloge. Mutoscopes) propose à la location des mutoscopes. Quinze jours plus tard, le nom de la nouvelle entreprise "Raleigh et Robert" figure dans L'Industriel forain, associée à "American Mutoscopes".

1903 08 15 affaire a saisir passage opera 14 1903 mutoscope
L'Industriel forain, Paris, 15-22 août 1903, p. 3. L'Industriel forain, Paris, 29 août-5 septembre 1903, p. 3.
1903_09_12-19.jpg 1904 01 30 raleigh robert nouveaux films
L'Industriel forain, Paris, 12-19 septembre 1903, p. 3. L'Industriel forain, Paris, 30 janvier-6 février 1903, p. 3.

Ainsi, Charles Raleigh et Robert I. Schwobthaler figurent comme associés dès le mois de septembre 1903. Leur local se trouve au 14, passage de l'Opéra. Jusque dans les premières semaines de 1904, ils mettent en vente un nombre très limité de productions qui sont annoncées dans L'Industriel forain.  Par la suite, les informations disparaissent et l'on ignore si les activités commerciales se maintiennent. Dans l' Annuaire-almanach du commerce... de l'année 1905 - mais dont les informations datent de l'année précédente - on retrouve l'entreprise "Raleigh et Robert" au 43, rue du Faubourg-Montmartre (Paris 9e) qui commercialise des "appareils automatiques" dont on peut penser qu'il s'agit des mêmes "mutoscopes".

Les débuts de la Continental Warwick Trading Co (1904-1905) 

C'est à la fin de l'année 1904 que naît la Warwick Continental Trading Co et que Charles Raleigh et Robert Schwobthaler déposent les marques "Warwick" (28 novembre 1904) et "Continental Warwick Trading Co Ltd, Paris" (24 février 1905). La filiale de la Warwick Trading Company s'installe alors au 16, rue Sainte-Cécile. Dès le mois de janvier, Léo Lefebvre a, pour sa part, racheté plusieurs brevets de l'American Biograph Mutoscope Français, indice de son rapproche des nouveaux patrons qui ont, naguère, exploité des "mutoscopes".

C'est à nouveau dans L'Industriel forain que l'on trouve des annonces pour cette nouvelle société dont les directeurs sont donc Raleigh et Robert.

1904 12 03 continental warwick 1905 01 07 annonce
L'Industriel forain, Paris, 3-10 décembre 1904, p. 3. L'Industriel forain, Paris, 7-14 janvier 1905, p. 3.

En janvier apparaissent les premiers titres dont certains semblent être des productions originales comme Le Plus Grand Ecolier du monde, La Machine à vapeur avec pieds d'éléphants... L'un des principaux collaborateurs est Jonathan Berheim qui reste attaché à la société jusqu'en décembre 1908. La société peut compter également sur des cinématographistes de talent comme Félix Mesguich, qui raconte dans Tour de manivelle comment il est engagé :

Au début de janvier 1905, à peine de retour d'une randonnée en Dalmatie et au Monténégro, MM. Raleigh et Roberts, directeur de l'agence parisienne de la Warwick Trading Cº me demandent de conclure un engagement d'une année.


MESGUICH, 1933: 72.

Pour le compte de la société, Félix Mesguich part en Russie au moment où commencent les troubles de la révolution alors qu'il se trouve à Saint-Pétersbourg. Il saisit quelques films dont un certain nombre de documentaires, ainsi qu'une Chasse à l'ours brun pour laquelle il va en être de sa poche :

Informée de la somme demandée pour une pareille entreprise, ma Société me répond de Paris par un télégramme: "Acceptons chasse deux cents roubles si garantissez la prise de vue de la mort de l'ours.
L'exigence de "mes patrons" m'obligeaient à vendre la peau de l'animal avant de l'avoir mis à terre. Je résolus d'en endosser le risque.


MESGUICH, 1933: 76.

Il parvient également à prendre quelques vues d'une cérémonie présidée par le tsar Nicolas II. De retour en France, il saisit quelques vues du séjour du roi d'Espagne, Alphonse XIII, en mai 1905, puis il tourne des films de l'édition 1905 de la coupe Gordon-Bennet qui a lieu en Auvergne en juillet. On le retrouve également à Vevey (Suisse) à l'occasion de la célèbre fête de Vignerons qui se tient en août. Il n'est pas le seul à enregistrer l'événement :

L'âme simple et rustique de la vallée et de la montagne anime ainsi la cavalcade dans les rues de la ville, mais l'enclos où se poursuit le divertissement m'est interdit; plus heureux mon concurrent anglais du moment, la Urban et Co.
[...]
Le soir, au départ du rapide pour Paris, mon colis-film fut emporté par un contrôleur des wagons-lits. Attendu à l'arrivée du train, il était immédiatement développé. Les copies en étaient aussitôt distribuées, tandis que, fort de son exclusivité, le représentant de la Urban Trading Cº continuait consciencieusement son travail sur les bords du lac Léman.


MESGUICH, 1933: 88-89.

Il profite de son séjour pour tourner plusieurs vues de montagne.

Quant à Léo Lefebvre, il occupe alors une place essentielle dans la société puisqu'il figure comme "directeur artistique" :

The Continental Warwick Trading Company avait convié hier soir la presse et quelques intimes à assister à une séance de projections cinématographiques des plus intéressantes. La vaste salle de la rue Sainte-Cécile, dont les honneurs étaient faits avec une bonne grâce parfaite par notre confrère et ami Léo Lefebvre, directeur artistique, était trop petite pour contenir les invités de MM. Raleigh et Robert.»


L’Auto, Paris, mercredi 27 septembre 1905, p. 5.

Les deux cinématographistes vont d'ailleurs se retrouver à Madrid, en octobre 1905, à l'occasion du voyage du président Loubet en Espagne.


"11 y 12. L. Lefebvre y Mesquisch [sic], Cinematógrafo de la Real Casa"
 ABC, Madrid, 23 octobre 1905, p. 10.

Toujours pour le compte de la Continental Warwick Trading Co, Félix Mesguich entreprend un dernier voyage en Afrique du Nord (Algérie et Tunisie) en novembre 1905.

1905 comete belge
La Comète belge, 1re année, nº 1, Bruges, 1er juillet 1905, p. 6.

Les grandes productions (1906-1908)

Le départ de Félix Mesguich et celui probable de Léo Lefebvre marquent un premier tournant dans l'entreprise qui va s'offrir les services d'un ami de MesguichLeopold Maurice avec lequel il s'est retrouvé peu avant en Russie :

Il entre à la Warwick Trading Cy, où l'avait précédé son ami Mesguich, qui s'était, depuis l'aube du cinéma, spécialisé dans les reportages et les documentaires, et qui nous a conté ses aventures dans son livre: Tours de manivelle. M. Léopold Maurice assurait la partie technique de cette entreprise  dirigée par MM. Raleigh et Robert. A cette époque, bien entendu, chaque producteur effectuait lui-même le développement et le tirage de ses films.


MICHAUT, 1935: 43.

Il évoque également ce retour dans une entrevue :

Je ne revins en France qu'en octobre 1905,
[...]
L'Exposition [sic] terminée, je devins quelque temps reporter chez RALEIGH et ROBERT, au moment de la catastrophe de Courrières où je me rendis pour filmer des scènes tragiques ; j'aidai ensuite à montrer le laboratoire de RALEIGH à la Société "l'Eclipse".


VIVIÉ, 1969: 6.

La catastrophe de Courrières se produit le 10 mars 1906 ce qui donne une indication sur la période d'exercice de Leopold Maurice. Le témoignage de ce dernier indique également qu'il y a eu une collaboration entre l'entreprise "Raleigh & Robert" et la naissante société "L'Éclipse" créée par Charles Urban.

Il semble cependant que le projet essentiel de l'année 1906 soit la mise au point d'un nouvel appareil de prises de vue. Pour cela, la société va s'adresser à Joseph Debrie, le célèbre constructeur, qui lance sur l'affaire son fils André Debrie :

En 1906, Joseph DEBRIE, à la demande de RALEIGH - un autre pionnier du cinéma - chargea son fils d'étudier un appareil de prise de vue. A. DEBRIE partit de deux vieux magasins en bois de l'appareil de prise de vue PATHÉ, d'un objectif, d'un rouleau de 60 mètres et d'une boîte en bois. Le brevet Parvo fut ainsi déposé le 19 septembre 1908.


A. DEBRIE, 1950: 17.

Il s'agit pour la Raleigh et Robert de disposer d'un matériel exceptionnel pour l'un de ses projets les plus ambitieux. À ce moment-là, la société est florissante :

The Continental Warwick Trading Cº Ltd. Raleigh et Robert, Directeurs, Paris, occupe dans l'industrie du cinématographe une place prépondérante qu'elle a su acquérir par la loyauté avec laquelle elle traite ses affaires et aussi par le soin qu'elle apporte dans sa fabrication. Ses appareils sont les plus perfectionnés que l'on ait encore mis en vente jusqu'aujourd'hui, et il est difficile de rencontrer ailleurs une précision aussi parfaite jointe à la force et à la simplicité.
En ce qui concerne ses bandes de photographies animées pour cinématographes, la WARWICK TRADING Cº Ltd est, sans contredit, la maison qui a produit tout ce qu'il y a de plus beau et nos lecteurs en seront convaincus lorsqu'ils sauront que c'est elle qui a pu, ne reculant devant aucun sacrifice, offrir à sa clientèle:
Les Trésors de la Mer,
La Chasse à l'Ours,
La Chasse à la Baleine,
Des Lacs de Norvège au Café-Glacier,
La Guerre Russo Japonaise,
L'Industrie du Bois au Canada,
La Catastrophe de San Francisco,
Le Mariage du Roi d'Espagne,
Monsieur Loubet à Madrid,
Triple Guigue,
Le Baromètre de l'Amour,
Fottit,
Un fait Divers (Comique), etc., etc...
La production journalière atteint plusieurs kilomètres, et à la façon dont les acheteurs accueillent ses éditions de chaque semaine, il est facile de prévoir qu'elle occupera bientôt le premier rang.
En ce moment MM. RALEIGH et ROBERT préparent une série de vues rapportées de leurs expéditions au(x) quatre coins du monde et qui, nous en sommes persuadés, feront sensation dans le monde du cinématographe.
La CONTINENTAL WARWICK TRADING Cº Ltd a des succursales dans toutes les grandes villes du Monde, et à Paris; on peut visiter ses ateliers agrandis, 16, rue Sainte Cécile (Coin de la rue de Trévise). MM. RALEIGH et ROBERT, Directeurs, se font toujours un énorme plaisir de faire visiter les installations aux personnes qui leur font l'honneur d'aller les voir et c'est à leur obligeance que nous devons la bonne fortune d'avoir pu admirer en projections quelques scènes vraiment admirables, d'une qualité photographique rarement rencontrée ailleurs, et d'un intérêt, quelquefois palpitant, et toujours de très grand intérêt.
VENI, VIDI.


La Comète Belge, 2e année, nº 29, Bruges, 1er septembre 1906, p. 6.

La "Raleigh et Robert" se lance alors dans le tournage d'un documentaire de long métrage sur la ligne de chemin de fer en construction entre le Cap et Le Caire en Afrique. C'est Charles Raleigh - qui a vécu en Afrique du Sud - qui va se lancer dans cette impressionnante aventure avec une équipe d'opérateurs:

Dans son dernier et très long voyage en Afrique, M. Raleigh a fait preuve d'une endurance peu commune dont voici un frappant exemple: il est resté plusieurs jours les jambes enfoncées dans la vase pour saisir, au bon moment, les jolies scènes que vous connaissez: La Chasse à l'hippopotame.


Phono-Ciné-Gazette, 15 janvier 1907, p. 83.

La série est constituée de plusieurs films et le tournage se prolonge sans doute pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Les premières livraisons sont reçues favorablement par la presse : 

Messrs. Raleigh and Robert (Warwick Trading Co.) were much applauded for their two films "Hippopotamus Hunt" and "The Construction of a Railway by Natives" the latter being part of the splendid series "From Cape to Cairo." Their film "Diamond Mining" also proved very interesting.


Kinematographe Weekly, Londres, 23 mai 1907, p.. 5. 

1907 01 cap caireDu Cap au Caire (1907)
(en bas à gauche on peut lire: Copyrigth: Express-Films Co., G.m. b. H.
Freiburg I. B. (Deutschland)
Cine-Mundial, Tomo I, nº IV, avril 1916, p. 152.

Les activités de la société ont le vent en poupe et les propriétaires envisagent l'ouverture d'un atelier de façonnage du celluloïd, à Vitry-sur-Seine :

ÉTABLISSEMENTS CLASSÉS.-Avis d'enquête de commodo et incommodo.
Paris, le 7 octobre 1907,
MM. Raleigh et Robert, demeurant à Paris, rue Sainte-Cécile, 16, ont présenté au Préfet de police une demande à l'effet d'obtenir l'autorisation d'exploiter à Vitry-sur-Seine, quai du Port-à-l'Anglais, 147, un atelier de façonnage du celluloïd n'excédant pas 1,200 kilogrammes (1re classe. — Décret du 31 août 1905 : danger d'incendie).
Toutes personnes qui auraient à présenter des moyens d'opposition contre l'atelier projeté, ou à faire des observations à son sujet, devront les faire connaître, soit au Préfet de police, soit aux maires de leurs communes respectives, ou aux commissaires de police, dans le délai d'un mois, à compter de la date du présent avis.
La demande et les plans de l'établissement sont déposés, durant l'enquête, à la mairie de Vitry-sur-Seine.


Bulletin municipal officiel, Paris, lundi 7 octobre 1907, p. 3882.

Un nouveau projet d'envergure va voir le jour, c'est la participation à la course New-York-Paris, au début de l'année 1908. Pour ce faire, la société fait appel au jeune Maurice Livier, âgé d'à peine vingt ans,  qui va connaître son heure de gloire en participant à la course New-York-Paris, en 1908. Une photo le représente, juché sur une voiture, devant les bureaux de la société, tenant entre les mains un appareil cinématographique. Sur une autre photo où figurent RaleighRobert et Livier, on aperçoit les noms des deux propriétaires sur la devanture de la Warwick Continental Trading Co.

continental_warwick_trading_.jpg continental warwick trading 02
La course New-York-Paris: Maurice Livier  de la maison Raleigh et Robert (Paris, 1908) [D.R.] Maurice Livier entre Raleigh et Robert (Paris, 1908) [D.R.]
continental warwick trading 03
"El Motobloc, conducido por M. Godard, equipado para la carrera Nueva York-París"
La Ilustración artística, Barcelone, XXVIIe année, nº 1366, 2 mars 1908, p. 15.

Outre la production personnelle, la société est également la représentante de plusieurs maisons européennes :

RALEIGH & ROBERT, 16, RUE SAINTE-CÉCILE
Fabricants et Représentants des Maisons: CONTINENTAL WARWICK TRADING Cº Ambrosio, Turin; Hepworh, Londres; Nordisk, Copenhague.


Cine-Journal, 17 décembre 1908, p 13.

La fin de l'année 1908 est également marquée par le départ de Jonathan Bernheim (Paris 15e, 09/12/1859-Paris 11e, 19/05/1909) :

Mutation
Nous sommes informé que M. J. Bernheim, l'actif collaborateur de MM. Raleigh et Robert, passe à la Compagnie des Cinématographes et Films Le Lion, dont il prendra la direction commerciale à partir du Premier Janvier prochain. Nos félicitations à M. Bernheim et à la Société Le Lion, qui ne pouvait faire un choix plus heureux.


Cine-Journal, 24 décembre 1908, p. 2.

L'exploitation et le marché américain (1909-1911)

Depuis plusieurs mois, l'industrie cinématographique traverse un importante crise aux multiples raisons : manque d'entente entre les fabricants, le développement de la location de bandes cinématographiques, la concurrence inconsidérée, la surproduction... De leur côté, les producteurs américains, en tête desquels on trouve Thomas A. Edison adoptent une position protectionniste et une politique de "trusts" qui ne favorisent que les grands maisons comme Pathé, Gaumont, Eclipse et Méliès, mais discriminent les autres producteurs plus modestes. Ces derniers, sous la houlette de la "Raleigh et Robert", vont contre-attaquer dans les premiers mois de l'année 1909 avec un succès certain :

Pour montrer l'importance de cette nouvelle conquête, il nous suffira de dire aujourd'hui que quatre maisons seulement, Eclair, Itala, Lux et Raleigh et Robert ont expédié cette semaine pour 400.000 francs de films aux Etats-Unis. Et ce n'est là qu'un commencement !
Il faut savoir un gré particulier de cette victoire commerciale à M. Raleigh et Robert et à M. Barker de la Warwick Cº dont l'énergique intervention vient d'enlever des dernières difficultés. Ces Messieurs sont en ce moment aux États-Unis et ne ménagent pas leur activité pour entraîner les exploitants à la cause du Marché libre. Appuyés en Europe par le concours dévoué de M. Robert, de MM. Sciamengo, Akar et Vandal (IdealLux et Eclair), ils ne pouvaient manquer de réussir.


Cine-Journal, 2e année, nº 28, Paris, 25 février-4 mars 1909, p. 2. 

La presse britannique va rendre également hommage à la société "Raleigh & Robert" :

The Trust Fighters.
W
e are mostly indebted for this remarkable business success to Mr. Raleigh, of the firm Raleigh & Robert, and Mr. Barker, of the Warwick Company, whose energetic intervention has been the means of carrying this affair through. These gentlemen are still in America and working hard to get all the American makers to join this new combination, and we are certain that upheld on the Continent by firms such as Itala, Lux and Eclair, Messrs. Robert (of Raleigh and Robert), Sciamengo, Akar, and Vandal, the combination cannot fail to succeed.


Kinematograph Weekly, 11 mars 1909, p. 15.

Mais un coup du sort va toucher de plein fouet la société "Raleigh & Robert". En effet, le 19 avril, l'usine et le théâtre qui se trouvent à Neuilly-sur-Seine sont la proie des flammes :

VIOLENT INCENDIE À NEUILLY
Une fabrique de films est détruite par le feu
Deux cent cinquante mille francs de dégâts
Un violent incendie a détruit, hier soir, 17, avenue du Roule, à Neuilly, la fabrique de films cinématographiques Raleigh et Robert, où, par une coïncidence curieuse, des ouvrières étaient occupées au collage des vues représentant l'incendie du dépôt d'huiles de Saint-Denis.
A sept heures, alors que quinze ouvrières travaillaient, au premier étage, dans l'atelier de collage, des flammes, jaillissant on ne sait d'où, envahirent la pièce. C'est à peine si les ouvrières purent gagner la sortie et entraîner avec elles leurs compagnes, au nombre d'une quinzaine.
Les flammes, trouvant un aliment facile dans les pellicules de celluloïd, eurent tôt fait de se propager dans l'usine, grand bâtiment de quarante mètres de long, comprenant des ateliers au rez-de-chaussée et au premier, et une salle de spectacle au second, pour la confection des vues.
Le contremaître de l'usine, M Suchet, avait donné l'alarme : bientôt arrivaient les pompiers de Neuilly, avec le capitaine Blazec, ceux de Courbevoie, les pompes à vapeur de l'avenue Niel, de la rue de la Pompe, de l'Etat-Major, avec le commandant Charrier, et M. Lépine, préfet de police.
Les pompiers, dans l'impossibilité de sauver l'usine, construite en panneaux de bois et en carreaux de plâtre, durent se borner à protéger le pavillon où habite le contre-maître et à empêcher le feu de se communiquer aux bâtiments voisins, également de construction légère, où sont installés un déménageur, un garage d'automobiles, un vaste chantier de bois, qui, tous, eussent été facilement détruits.
Après deux heures de lutte contre le feu, tout danger immédiat avait disparu. Les pompiers de Neuilly restèrent sur les lieux, continuant à inonder les décombres fumants.
A onze heures du soir, les dernières flammes s'éteignaient.
Au cours de l'incendie, un pompier de Neuilly, M. Etienne Victor, cinquante-huit ans, domicilié 10, rue des Poissonniers, qui se trouvait au faite du bâtiment en feu, a été renversé par le jet d'une lance et précipité sur le sol d'une assez grande hauteur. Blessé à la tête, il a reçu les soins du docteur Tucher, puis a été ramené chez lui. L'enquête à laquelle ont, dès le premier moment, procédé MM. Garnier, commissaire de police, et Torlet, secrétaire, permet d'écarter toute idée de malveillance. Les causes de ce sinistre seraient purement accidentelles.
L'importance des dégâts n'a pu encore être évaluée exactement, mais, tant en films fabriqués ou en cours d'exécution qu'en appareils cinématographiques détruits, on évalue à 250,000 francs environ le montant des pertes.
De plus, les trente ouvriers et ouvrières de l'usine vont se trouver en chômage pendant une période indéterminée.


Le Petit Parisien, Paris, vendredi 23 avril 1909, p. 2.

1909 raleigh robert itala filmsItala Film, Releigh & Robert, Turin, 2 juin 1909 [D.R.]

Ce désastre n'empêche pas "Raleigh & Robert" de disposer d'une nouvelle succursale à Berlin.

1909 raleigh robert berlin
Der Kinematograph, Düsseldorf, nº 140, 1er septembre 1909.

La société, qui s'intéresse à la synchronisation image/son, dépose un brevet à cet effet :

Raleigh et Robert
La maison Raleigh et Robert est dit-on, prête à sortir son nouveau synchronisme.


Cine-Journal, 30 août-5 septembre 1909, p. 3.

L'alliance entre les producteurs indépendants va faire long feu quelques mois plus tard :

THE COMING SPLIT.
Apparently Irreconcilable Differences Between Film Import Company and Murdock.
As predicted last week in THE MIRROR, a serious split is almost certain among the Independent film people. On one side will be found the new Alliance, including Murdock, Laemmle, Kessel, Swanson. and others. Opposed to them will be the Film Import Company, at present a member of the Alliance, but said to be lukewarm and ready to get out.
The statement printed last week that the Film Import Company had cut the ground from under Mr. Murdock's company by securing through Raleigh and Robert, of Paris, the exclusive American agency for the European film production heretofore handled by the Murdock concern, has been met by a statement from Murdock, in Europe, that he has gone direct to the best Independent European manufacturers and secured contracts over the heads of Raleigh and Robert. He does not give the names of the companies he has secured, but his friends claim they are the leading ones—in fact, the only ones worth having. In reply to this claim the Film Import Company has issued a new statement calling attention to Murdock's silence as to the companies he has secured and reiterating its claim to hold through Raleigh and Robert the exclusive control of the American market for the best Independent European film. The first releases of the Film Import Company are announced for Nov. 2 and they will be watched with interest, as they will throw much light on the disputed point.


The New York Dramatic Mirror, 16 octobre 1909, p. 19.

Cependant, le catalogue des films produits ou distribués par la "Raleigh & Robert" s'étoffent et les années 1908-1910 sont plutôt fastes de ce côté-là. Finalement, en 1911, elle un important contrat par lequel elle se déleste de la représentation américaine dont va se charger la Film Import et Trading Company :

M. Raleigh, de la maison Raleigh et Robert de Paris, a signé un contrat avec "Film Import et Trading Company", de cette ville, aux termes duquel cette maison deviendra le représentant américain de presque tous les fabricants europeéens, Raleigh et Robert étaient eux-mêmes les agents de dits fabricants.
Nous avons interviewé, M- Raleigh et le Film Import et Trading Company et nous ne pouvons qu'admirer la façon dont tout est organisé pour l'avantage et de l'Exchange et de l'Exibitor. Des échantillons ne seront pas envoyés, mais un représentant connaissant parfaitement le goût américain restera en Europe.
Une chose très importante, les dates de mise en vente, en Europe et en Amérique, coïncideront, arrêtant de ce fait le » copiage »


Cine-Journal, Paris, 26 août 1911, p. 13.

L'exploitation cinématographiques (1911-1913)

L'American Biograph 1 (Rue Taitbout, nº 1, [26] mars 1910- 14 juillet 1911)

C'est en mars 1910 que Charles Raleigh et Robert Schwobthaler inaugurent une salle, rue Taitbout, où ils exploitent un "American Biograph" :

AMERICAN BIOGRAPH, 7, rue Taitbout (coin du boulevard des Italiens). -Tous les jours, à 2 h 1/2, 4 h., 8h 1/2 et 10 heures: Les Chases du Président Roosevelt, spectacle unique, visible seulement au Biograph.-Orchestre symphonique.


La Presse, Paris, 26 mars 1910, p. 4.

La presse offre parfois l'ensemble du programme des vues cinématographiques :

AMERICAN-BIOGRAPH, 7, rue Taitbout (Coin bd des Italiens).-Entrée: 1 franc.-Tous les jours, de 2 h 1/2 à 6 h 1/2 et de 9 h 1/2 à 11 h 1/2: Le ballon dirigeable "Clément Bayard II" qui doit faire le voyage de Paris à Londres; Les Grandes chasses de Roosevelt en Afrique (1e partie): La Côte d'Argent à marée haute (Biarritz) séjour préféré de S. M. Edouard VII. Découverte sensationnelle d'un policier amateur (comique), Les grandes chasses de Roosevelt en Afrique (2e partie); Une Femme piquante (comique). La dernière sortie du "Zeppelin II".


Comoedia, Paris, 29 avril 1910, p. 5.

1910 american biograph
American Biograph. 7, rue Taitbout. juin 1910 [D.R.]

Le directeur de l'American Biograph est M. Berthet :

Gli splendidi "films" che un numeroso pubblico ammira ogni giorno al "Biograph", 7 rue Taitbout, sono della celebre casa Raleigh et Robert, 16 rue St. Cécile, sotto l'abile direzione dell'egregio sig. M. Berthet.
Questo spiegá perchè il concorso degli spettatori al "Biograph" è sempre più grande. Tutti vogliono veder i piú bei "films " di Parigi.


Il Rieseglio italiano, Paris, 29 mai 1910, p. 2.

Au fil des mois, c'est une très vaste répertoire qui est ainsi présenté dans cette salle. L'un des succès les plus commenté est celui du match de boxe Johnson-Jeffries :

Le Film d’un million
Depuis cinq jours, les guichets de location de l’American Biograph sont assaillis ; la foule s'y rue — le mot n'est pas trop fort — et s’y dispute les places pour assister au spectacle sensationnel du match Johnson-Jeffries, pour voir le film extraordinaire qui reproduit, dans ses moindres détails, toutes les phases du combat de géants où se rencontrèrent les deux champions du monde de boxe.
Sportsmen, amateurs ou professionnels et simples curieux, viennent admirer ce film unique, dont la longueur est de deux kilomètres, et qu’American Biograph a payé cinq cent mille francs !
La vue de l'arène, pour laquelle on utilisa trois cents kilomètres de planches, que trois mille ouvriers construisirent en huit jours, et où cinquante mille personnes, venues de tous les points du monde, se disputèrent les places, dont les prix variaient de 250 à 125 francs ; l’arrivée des trains garnis de drapeaux ; l'aspect de la petite ville de Reno ; les exercices d'entrainement des champions ; la physionomie du ring ; enfin, les péripéties passionnantes du match, constituent un spectacle aussi intéressant pour les profanes que pour les amateurs. Ne suffirait-il point pour éveiller la curiosité générale, de rappeler que le droit de prise des vues cinématographiques fut adjugé par les organisateurs du match, pour la somme fantastique de un million trois cent mille francs !
American Biograph donne trois séances par jour, l'une à dix heures et demie du matin, la seconde à cinq heures et demie, et la troisième à dix heures et demie du soir ; on peut dès à présent retenir ses places pour toute la journée, 7, rue Taitbout, et louer plusieurs jours à l’avance sans aucune augmentation de prix.
Un programme remarquable, illustré de cinquante photographies instantanées, découpées dans le film, est distribué dans la salle : il permet de suivre le combat de Reno dans toutes ses pitas ; c’est un curieux document à conserver de ce duel mémorable.
Ajoutons qu’American Biograph donne tous les jours son spectacle habituel aux prix ordinaires de 2 heures à 4 h. 1/2. et de 8 heures à 10 heures du soir.


La Patrie, Paris, 1er décembre 1910, p. 3.

american biograph 1910 recto american biograph 1910 verso
American Biograph, Le Match Johnson-Jeffries, 1910. [D.R.]

En juillet 1911, l'American Biograph doit quitte son local de la rue Taitbout :

POUR CAUSE DE DÉMOLITION "American-Biograph" nous prie d'annoncer qu'à partir du 15 juillet courant, il sera transféré provisoirement au 55 de la rue de Clichy. Aussi, cette semaine, à partir d'hier vendredi, le dernier programme qui sera donné rue Taitbout a-t-il été composé avec un soin tout particulier. Citons : Le Printemps à San Rémo, voyages; l'Héroïsme d'une femmela Réparation, deux comédies américaines; le Gentilhomme farmer, etc., etc. et en supplément, toutes les phases des dernières étapes du circuit européen. Entrée: 1 franc.


Le Matin, Paris, samedi 8 juillet 1911, p. 4.

Le Biograph-Sports (Salle Berlioz/Rue de Clichy, nº 55, 31 mars-1er juillet 1911)

La "Raleigh & Robert" inaugure, à la fin du mois de mars 1911, une deuxième salle, le Biograph-Sports installé dans la salle Berlioz, au 55 de la rue de Clichy. Il s'agit, de fait, de réserver la salle aux films sportifs :

BIOGRAPH-SPORTS
Salle Berlioz (rue de Clichy)
Lundi 3 avril et jours suivants
Sous le patronage de « La Boxe et les Boxeurs »
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UNE INNOVATION SENSATIONNELLE
Rien que du sport — Tous les sports Tout pour le sport.
Voici une nouvelle qui va ravir tous les sportsmen. A partir de lundi prochain,  3 avril, un spectacle sportif tout nouveau leur sera offert, quotidiennement. MM. Raleigh et Robert, propriétaires de l'American Biograph, auxquels nous devions déjà l'inoubliable film du match Jeffries-Johnson, dont le succès a été extraordinaire, ont eu, en effet, une idée toute nouvelle et tout à fait intéressante.
Dans le cadre luxueux et idéal de la salle Berlioz, rue de Clichy, en plein centre de Paris, ils ont installé un cinéma exclusivement réservé au Sport. Tous les films sportifs y seront présentés et tous les sports trouveront leur place sur l'écran. Grands matches internationaux et nationaux de football, épreuves de course à pied, courses de chevaux, escrime, cyclisme, tennis, courses de toureaux [sic], chasses à tir et à courre, natation, canotage, automobilisme, tout sera présenté. Enfin, et surtout,
Tous les grands combats de boxe
disputés en Amérique, en Angleterre, comme en France, grâce à des contrats d'exclusivité passés avec la plupart des grands organisateurs du monde entier, seront offerts aux sportsmen parisiens parfois le lendemain même du jour où ils auront été disputés.
C'est ainsi que, par un véritable coup de maître, Biograph-Sports débutera lundi d'une manière réellement sensationnelle en présentant le film du grand combat Mac Vea-Langford dont MM. Raleigh et Robert se sont assuré tous les droits.
Chaque soir, le programme sera d'un intérêt soutenu par la, variété et le nombre des films sportifs.
Nous reviendrons demain sur l'ouverture prochaine et sensationnelle de Biograph-Sports dont le programme sera chaque jour publié dans l'Auto.


L'Auto-vélo, Paris, mercredi 29 mars 1911, p. 4.

1907 salle berlioz
Paris.-Salle Berlioz, 55, rue de Clichy.
Fauteuils de Balcon et Grand Orgue

Le même journal continue à publier les programmes avec une grande régularité :

BIOGRAPH-SPORTS
Salle Berlioz (rue de Clichy, 55).
Sous le patronage de La Boxe et les Boxeurs.
Aujourd'hui, en matinée et soirée
L'idée réellement originale et nouvelle de MM Raleigh et Robert les grands directeurs de Biograph-Sports, a été récompensée par le succès.
En effet donner chaque soir un spectacle composé exclusivement de films sportifs, triés d'ailleurs avec une compétence remarquable parmi les plus passionnants et les plus d' « actualité », ne pouvait manquer de plaire à tous les sportsmen, aujourd'hui si nombreux.
Aussi y a-t-il foute chaque soir dans la ravissante salle sportive de la rue de Clichy.
Voici le programme de cette semaine à Biograph-Sports. Comme on va le voir, tous les sports sont représentés :
La course cycliste Bordeaux-Paris.
Les épreuves pédestres du Prix Blanchet. 
Les courses à l'aviron sur la Tamise: La Coupe Bentley.
Le Grand Steeple Hippique de Cheltenham.
L'aviation à Brooklands : Courses d'aéroplanes vers Brighton.
Le Polo militaire à cheval.
Et, tout une série de films comiques, dramatiques, etc.
Prix des places : 1 fr. 2 fr. et 3 francs.
Nous ne saurions trop conseiller à tous les sportsmen d'aller voir ce superbe spectacle sportif.
On nous annonce, pour la semaine prochaine, un film sensationnel qui fera courir tout Paris.


L'Auto-vélo, Paris, mercredi 17 mai 1911, p. 4.

Au fil du temps, toutefois, les programmes vont devenir plus variés et d'autres types de films sont présentés comme dans le dernier programmes publié par L'Auto-vélo :

BIOGRAPH-SPORTS
Salle Berlioz (rue de Clichy, 55).
Sous le patronage de La Boxe et les Boxeurs.
Tous les soirs, à 8 h. 45

Les jeudis et dimanches, matinée à 2 h. 30
Le programme, cette semaine, à Biograph-Sports est exceptionnellement intéressant ; il comprend des vues absolument uniques et d'un intérêt très grand du couronnement de S. M. George V et de la revue navale de Spithead.
Nous conseillons vivement à tous les sportsmen d'aller assister à ce spectacle magnifique :
Voici le programme :
Le couronnement du roi George V d'Angleterre. — La revue navale à Spithead. — Le fils du joueur (drame). — Mariage d'argent (drame). — Le fils de l'anarchiste (drame).Un rêve historique (comédie). — Le sous-marin hollandais (documentaire). — Fabrication d'une rose artificielle (industrielle). — Le tour du monde en automobile : L'Alaska (voyage). — Pik-Nik raffole des fleurs (comique). — Pour réussir dans la vie [comique). — Le gardien de banque. — Expédition de S.A.R. le duc des Abruzzes aux monts Himalaya.


L'Auto-vélo, Paris, samedi 1er juillet 1911, p. 4.

La fermeture du local de la rue Taitbout conduit la "Raleigh & Robert" à rapatrier l'American Biograph dans lsa salle Berlioz dont le directeur est M. Pélissier et l'administrateur M. Pradelle. 

L'American biograph 2 (Rue de Clichy, nº 55, 15 juillet 1911-[21] août 1912)

L'American biograph, après son déménagement, s'installe au 55, rue de Clichy, avec une deuxième entrée 72 bis d'Amsterdam. L'inauguration a lieu le 15 juillet :

C'est après-demain, samedi , à deux heures et demie, qu'aura lieu l'inauguration du nouveau local d'American Biograph; 55, rue de Clichy. La salle, parfait au point de vue de la disposition de l'écran, des fauteuils de l'aération est une véritable bonbonnière, avec tout le confort moderne. En outre, pendant les entr'actes un Bar Américain avec fumoir, toilette, sera mis à la disposition des nombreux habitués du Biograph qui, certainement, continueront comme par le passé à fréquenter ses merveilleux programmes.
Moyens de communication: Métro Trinité, Berlin, Clichy, Téléphone 294-32. Fauteuils: 1 et 2 fr; loges: 3 francs.
Aujourd'hui et demain dernières séances, rue Taitbout, 7.


L'Intransigeant, Paris, vendredi 14 juillet 1911, p. 3.

Les débuts de l'American-Biograph a sa nouvelle adresse attirent un public nombreux : 

AMERICAN-BIOGRAPH. — Hier, très gros succès pour l'inauguration de la nouvelle salle d'American-Biograph, 55, rue de Clichy (entrée également 72 bis rue d'Amsterdam). Le merveilleux programme, spécialement composé à cette occasion., a été vivement applaudi, notamment: Les merveilleux exercices de lasso, capture et domptage de chevaux sauvages exécutés par les "Diables du Wild West" ; L'espièglerie de Kate, comédie américaine ; Le culte d'un homme, drame ; Le mari irascible, hilarant; Le fidèle gardien, comique; La Revue du 14 juillet, etc. etc., et les dernières actualités biographiques mondiales. Entrée : 1 fr. Métro : Trinité, Berlin, Clichy. (Tél. 294-32).


Comoedia, Paris, 15 juillet 1911, p. 2.

1912 american biogrraph
"Hommes-sandwiches de l'American Biograph (55, rue de Clichy)"
Photo Le Journal
collection J. Borgé.
Reproduit dans MEUSY, 1995: 337.

Les affaires semblent florissantes si l'on en croit l'extrait de presse suivant :

Une fête cordiale.-MM. Raleigh et Robert, les éditeurs de l'American Biograph, 55, rue de Clichy, et du Kinémacolor, 19, rue Le-Peletier, ont réuni hier, dans les salons du restaurant Zucco, le personnel entier de leur usine, de leur administration et de leurs deux théâtres, que M. Berthet dirige avec un sens si parfait des goûts artistiques du public moderne.
La réunion, à laquelle ont pris part environ cent cinquante personnes, égayée par les orchestres des deux maisons, a été des mieux réussies. Et l'on s'est séparé très tard, après avoir terminé si joliment une année prospère, qui n'est que l'aube d'une ère que tout annonce plus brillante encore.


Le Matin, Paris, lundi 1er janvier 1912, p. 4.

La salle va fonctionner jusqu'au mois d'août 1912 où l'on trouve la dernière annonce dans la presse :

AMERICAN BIOGRAPH, 55, rue de Clichy.-Une bonne plaisanterie. Le Diagnostic. Le Durbar Indien.


Le Grand National, Paris, 21 août 1912, p. 4. 

L'American Biograph. Le Théâtre Kinémacolor (Rue Le Peletier, nº 19, 2 décembre 1911-mars 1913)

Dès le milieu de l'année 1911, l'entreprise "Raleigh et Robert" va racheter le brevet du kinémacolor, un nouveau procédé de film en couleurs dont l'inventeur est George Albert Smith avec le soutien financier de Charles Urban : 

Le "Kinémacolor"
[...]
En France, le brevet est devenu la propriété de MM. Raleigh et Robert, deux professionnels de la cinématographie, auxquels nous devons déjà le célèbre "American Biograph", si connu de tous les Parisiens. Dans le cinéma noir et blanc, MM. Raleigh et Robert ont accompli des prodiges: l'expédition du Cap au Caire à travers l'Afrique, les grandes chasses du président Roosevelt, le match Johnson-Jeffries, le mariage du fils du maharajah de Kapurthala, etc..., sont autant de films intéressants que nous devons à leur initiative.
Soyons assurés qu'avec le Kinémacolor ils nous donneront d'ici peu des merveilles.
Georges LUDWIG.


Le Petit Parisien, Paris, 14 juin 1911, p. 2.

Le 8 juillet 1911, la Raleigh et Robert dépose 22 marques pour désigner des films en couleurs dont le "biocolor". 

raleigh charles 1911 11 08 Les marques internationales   organe officiel du Bureau international de l'Union
Les marques internationales, supplément de la Propriété industrielle, 30 novembre 1911, p. 167.

C'est à la fin de l'année, que l'entreprise "Raleigh et Robert" ouvre une deuxième salle qui va se consacrer à exploiter le Kinémacolor. L'inauguration a lieu, au nº 19 rue Le Peletier, le samedi 2 décembre :

SPECTACLES DIVERS
LE KINÉMACOLOR A PARIS
Samedi prochain va s'ouvrir, 19, rue Le Peletier, à la hauteur de l'ancien Opéra, à deux pas des boulevards, dans une nouvelle salle aménagée avec tout le luxe et le confort modernes, d'une coquetterie et d'une élégance raffinées, le premier théâtre de Kinémacolor, véritable bonbonnière où tout Paris est appelé à défiler.
Ki-né-ma-co-lor !
Ce nom, retenez-le bien : il marque une étape dans les progrès réalisés par l'art et la science ; il est le point de départ d'un nouveau procédé de photographie animée, qui reproduit les êtres et les choses avec une fidélité, une exactitude déconcertantes. Vie, couleur, mouvement; relief, tout y est on pourrait presque dire que cela devient du théâtre, de la pantomime. Les personnages évoluent aux yeux émerveillés du public comme s'ils ne faisaient qu'un avec lui ; l'illusion est si réelle, si complète pour la plupart des "vues", que le spectateur peut se croire en présence d'êtres vivants dont il ne serait séparé que par le transparent cristal d'une glace sans tain, et évoluant avec toute l'intensité d'un spectacle vécu. C'est de toute beauté.
En Amérique, une Société au capital de trente et un millions exploite, depuis le mois de mars dernier, le Kinémacolor dans tous les Etats-Unis. Le succès a dépassé toutes les espérances ; on cite à Chicago, dans un seul théâtre, au Garrick, une recette de 5,000 dollars par semaine (25,000 francs), en juillet dernier, par 39 degrés de chaleur. Plus près de nous, en Angleterre, où réside l'inventeur, deux cent vingt établissements avaient, à fin septembre dernier, adopté le Kinémacolor, et, à Londres même, un seul théâtre atteignait une recette moyenne de 4,500 francs par jour. En Angleterre comme en Amérique, on le voit, c'est un succès sans précédent mais ce qui, mieux que tous les commentaires, démontre l'extraordinaire beauté de ce procédé, c'est la faveur dont il fut l'objet à Londres, lors de l'inauguration du monument de la reine Victoria et pendant les fêtes du couronnement de George V, faveur qui fit placer devant le roi d'Angleterre et l'empereur d'Allemagne les opérateurs du Kinémacolor, à l'exclusion de tous autres opérateurs de films en noir et blanc.
Le "Kinémacolor" est présenté au public par "American Biograph", auquel nous sommes redevables de tant de spectacles sensationnels; c'est dire quels soins et quel souci d'art seront apportés dans cette présentation. Tout Paris voudra assister à cette première unique en son genre, pour laquelle il est prudent d'ores et déjà de retenir ses places et dont nous reparlerons. Location ouverte de dix heures à six heures (tél. 159.79).


Le Gaulois, Paris, jeudi 30 novembre 1911, p. 4.

La presse offre un compte rendu de cette séance d'ouverture : 

Gazette Théâtrale
THÉÂTRE KINÉMACOLOR
La soirée d'inauguration du théâtre Kinémacolor a été l'objet du plus vif succès. Dès huit heures, une foule élégante se pressait aux abords de la coquette bonbonnière où « American Biograph » commençait hier la série des spectacles quotidiens de Kinémacolor, qui vont faire courir Tout-Paris dans la nouvelle salle de la rue Le Peletier.
L'empressement du public à cette première représentation a été tel qu'on a dû refuser du monde, et, bien que la salle ait été, au cours de la soirée, renouvelée deux fois, — à 8 h. 1/2 et à 10 h. 1/2, — quantité de personnes ont dû s'en aller sans pouvoir se procurer, à l'une ou à l'autre des deux séances, même une place de promenoir. Toutes les loges, la plupart des fauteuils, étaient loués d'avance; cela constitue un succès sans précédent, plus grand peut-être que celui qui marqua l'apparition du Kinémacolor à Londres et en Amérique, et qui prouve bien qu'en matière de curiosité artistique Paris ne saurait être en retard sur aucun pays du monde.
Que dire du programme, et comment faire comprendre toute la beauté de ce procédé absolument nouveau de photographie animée, qui nous représente les êtres et les choses telles qu'elles sont, telles que nous les voyons ? Aucune explication ne peut donner une idée exacte de ce qu'est le Kinémacolor ; cela devient du théâtre, c'est frissonnant d'air, de lumière et de vie ; toutes les vues sont animées et apparaissent en profondeur, avec des premiers plans, des seconds plans comme dans la nature, et le relief en est saisissant. C est d'une beauté extraordinaire ; le public approuve tout haut, admire tout haut, et applaudit comme au théâtre.
Le Kinémacolor ne se raconte pas, ne se commente pas; il faut le voir. A partir d'aujourd'hui dimanche, ce sera, chose facile, car il y aura tous les jours représentation de 2 h. 1/2 à 6 h. 1/2, et de 8 h. 1/2 à minuit. Ainsi que tout le monde a pu le constater hier, la nouvelle salle d' "American Biograph" est une véritable bonbonnière, et qui dit "bonbonnière" dit nombre de places très limité ; toutes sont d'ailleurs excellentes, ce qui est rare. Ce sera donc agir sagement que de louer ses places par téléphone (159-79) ou autrement. Entrée : 3 francs.


L'Écho de Paris, Paris, dimanche 3 décembre 1911, p. 4.

Peu après l'inauguration des séances, Charles Raleigh et Robert Schwobthaler, en collaboration avec Pierre Chervet, négociant, fondent l'association en participation "Exclusive Film" le 23 décembre 1911 qui a pour objet principal la location et l'exhibition des films "Kinemacolor" en France (à l'exception du département de la Seine), en Corse et en Algérie. Le siège se trouve au 195, rue Saint-Lazare. Les affaires semblent alors florissantes si l'on en croit, comme nous l'avons déjà vu, l'extrait de presse suivant :

Une fête cordiale.-MM. Raleigh et Robert, les éditeurs de l'American Biograph, 55, rue de Clichy, et du Kinémacolor, 19, rue Le-Peletier, ont réuni hier, dans les salons du restaurant Zucco, le personnel entier de leur usine, de leur administration et de leurs deux théâtres, que M. Berthet dirige avec un sens si parfait des goûts artistiques du public moderne.
La réunion, à laquelle ont pris part environ cent cinquante personnes, égayée par les orchestres des deux maisons, a été des mieux réussies. Et l'on s'est séparé très tard, après avoir terminé si joliment une année prospère, qui n'est que l'aube d'une ère que tout annonce plus brillante encore.


Le Matin, Paris, lundi 1er janvier 1912, p. 4.

La guerre du film en couleur bat son plein en ce début d'année 1912, et la maison "Raleigh et Robert" se lance dans une plainte contre des concurrences déloyales :

NOUVELLES JUDICIAIRES
On a appelé hier au Tribunal de commerce et remis à quinzaine un procès en concurrence déloyale intenté par la maison Raleigh et Robert, propriétaire du théâtre du Kinemacolor, à diverses Sociétés cinématographiques.
Le Kinémacolor se plaint de la confusion qui peut naître entre son établissement et les leurs, leurs enseignes empruntant la terminaison "color" agrémentée d'un préfixe quelconque. Il demande un million six cent mille francs de dommages et intérêts.
L'affaire sera plaidée à une prochaine audience par Me Georges Hollander, pour les demandeurs, et Mes Sayet et Becker,, agréés, pour les défenseurs.


Le Figaro, Paris, mercredi 7 février 1912, p. 4.

Entre mai et septembre, Raleigh présente trois brevets en relation avec le cinématographe en couleurs. En octobre 1912, Charles Raleigh embarque à Cherbourg, à destination de New York. Il semble que dès le mois de novembre 1912, la Raleigh & Robert ait revendu ses droits pour l'exploitation du kinemacolor à Charles Urban. Cette situation leur vaudra d'ailleurs une action en justice de la part de leur ancien collaborateur Pierre Chervet. Le succès du kinemacolor ne se dément pas et il fête sa 2000e au début de l'année 1913 :

ANNIVERSAIRE ET 2,000e AU KINÉMACOLOR. -Hier soir, dans les salons de la brasserie Châteaudun, le théâtre Kinémacolor fêtait l'anniversaire de son ouverture, sous la présidence de son directeur, M. Berthet, entouré de tout son personnel Cette fête intime coïncidait avec la 2,000e de l'Apothéose des Indes, ce merveilleux conte des Mille et une Nuits qu'on ne reverra jamais. A cette occasion, plusieurs toasts furent portés aux inventeurs, MM. Urban et Smith, et aux promoteurs, en France, de cette sensationnelle découverte, MM. Raleigh et Robert.
Pendant les jours de fêtes, le théâtre Kinémacolor (19, rue Le Peletier) est le lieu de rendez-vous tout indiqué pour les familles ; tout le monde voudra aller applaudir aux scènes dramatiques, comiques, documentaires et d'actualités en couleurs naturelles qui composent le spectacle habituel et assister aux dernières séances spéciales du merveilleux « Durbar » qui ont lieu de 5 h. à 6 h. 1/2 et de 10 h. 1/2 à minuit. (Location: 159-79).


Le Journal, Paris, mercredi 1er janvier 1913, p. 5.

Paul Thomas travaille pour le Kinemacolor (1910).

En 1910, après le régiment, je fis un court stage chez Raleigh et Robert, où je m'initiai au procédé Kinémacolor. Nous prenions surtout des images de modes, des fleurs, des paysages exotiques. Un film qui représentait les fêtes hindoues de Durbar demeura pendant plus d'un an, matinée et soirée, au programme d'un établissement de la rue Le Pelletier ; ce fut, je crois, la première " exclusivité "mémorable de l'écran.


Francis Ambrière, "Les souvenirs de Paul Thomas", L'Image, nº 15, Paris, 1932, p. 13.

La fin de la "Raleigh & Robert" (1913)

Dès l'année 1912, la production et la distribution de films cinématographiques marquent le pas, mais s'il est vrai que l'entreprise se lance dans un "Film-Journal Cinématographique au jour le jour". En outre, elle dispose d'un représentant, Eugène Poulet (20 rue de la Grande Ile, 20, Bruxelles) pour la Belgique et la Hollande.

Rien ne semble vraiment présager ce qui va advenir, même si le collaborateur de l'entreprise F. George a quitté la société :

Mr. F. George, late of Messrs. Raleigh and Robert and the Exclusif Film Company, has formed a company known as the "Film Parisien" for the purpose of producing picture plays.


The Bioscope, 6 mars 1913, p. 729.

Les deux collaborateurs Charles Raleigh et Robert Schwobthaler ne semblent pas particulièrement en difficulté financière lorsqu'ils sont assignés en justice para M. Chervert avec lequel ils ont constitué l'association en participation sous le nom de «Exclusif Film » ayant pour objet principal la location et l’exhibition des films « Kinemacolor » en France, en Corse et en Algérie, à l’exception du département de la Seine. Le plaignant dénonce ainsi la "Raleigh & Robert" :

A la suite d’une série de manœuvres dolosives dont la plus grave fut la vente du brevet du « Kinemacolor » par MM. Raleigh et Robert Schwobthaler à un sieur Charles Urban de Londres, en fraude des droits de M. Chervet, celui-ci assigna par exploit du 21 novembre 1912 devant le Tribunal civil de la Seine :
« 1° MM. Raleigh et Robert Schwobthaler solidairement en restitution de la somme de 225.000 fr. avec intérêts de droit ;
« 2° MM. Raleigh, Robert Schwobthaler et Urban solidairement, a des dommages-intérêts à fixer par état et par provision, en paiement d’une somme de 200.000 fr., avec intérêts de droit ;
« En cours d’instance, M. Raleigh d’une part et M. Robert Schwobthaler d’autre part furent déclarés en faillite par jugement de défaut du Tribunal de commerce de la Seine en date du 18 novembre 1913 ;
« M. Raynaud fut nommé syndic provisoire ;
« Il reprit l’instance en cette qualité devant le Tribunal civil au nom de MM. Raleigh et Robert Schwobthaler ;
« Par jugement du 13 décembre 1913, le Tribunal civil condamna M. Raynaud ès-qualités, représentant MM. Raleigh et Schwobthaler : 1° à restituer à M. Chervet la somme de 255.000 fr. avec intérêts de droit ; 2° MM. Raynaud, ès-qualités, et Urban à des dommages-intérêts à fixer par état, mais sans accorder à M. Chervet la provision demandée.


Recueil des décisions des tribunaux, 1er janvier 1922, p. 794-798. 

Cette affaire aura d'ailleurs des prolongements bien après. Pourtant, comme l'indique le compte rendu, la liquidation de la société est prononcée en cours de procédure :

Liquidation
La maison Raleigh et Robert, une des plus anciennes agences de représentation de Paris est en liquidation.
Kinémacolor
Le "Kinémacolor" de la rue Le Pelletier qui s'était fait la spécialité exclusive de passer les vues de la Société "Kinémacolor" passera désormais des bandes en noir de toutes les grandes marques.
On annonce d'autre part que M. Urban, le Directeur du "Kinémacolor" Anglais vient de louer rue Edouard VII, près des Grands Boulevards, un emplacement où il compte installer un Théâtre de 2.000 places. Il y présentera naturellement les productions du Kinémacolor.


Cine-Journal, Paris, 25 janvier 1913, p. 85.

À partir d'avril 1913, la presse annonce la sous-location du local de la rue Le Peletier :

Petites Affiches
du 9 avril 1913.
[...]
Droits de sous-location-rue Le Peletier, 19 -Berthet-Schwobthaler, dit Robert.


Le Courrier, Paris, mercredi 16 avril 1913, p. 4.

Même si les dernières séances sont encore annoncées vers le milieu du mois d'août 1913 :

THÉÂTRE DU KINÉMACOLOR, 19, rue Le Peletier.- De 2 h. 1/2 à 6 h 1/2 (deux séances), et de 8 h 1/2 à minuit (deux séances).


Les Nouvelles, Paris, 12 août 1913, p. 3.

Quant au siège de la "Raleigh & Robert", il est désormais occupé par l'Agence Express Films et Cº comme on peut le déduire de l'article suivant :

Le Livre noir
L'Agence express films et C°, 16, rue Ste- Cécile, à Paris, nous informe que deux films lui ont été dérobés dans le courant de la semaine dernière. L’un "Her Brother", de la Vitagraph, porte des titres anglais et mesure 290 mètres. Le second est un plein air représentant des régates et porte le nom "Raleigh et Robert" imprimé sur la perforation.
Les personnes qui recevraient des offres de vente pour ces deux bandes, sont priées d’en aviser M. Muller, 1 6, rue Sainte-Cécile.


Cine-Journal, Paris, 26 juillet 1913, p. 5.

Si les séances du kinémacolor s'interrompent, la salle continue à fonctionner, puis en décembre 1913, elle accueille le kino plastikon. De son côté, Charles Urban va reprendre la main et inaugure sa nouvelle salle, le théâtre Edouard VII qui ouvre le 12 décembre 1913. 

paris theatre edouard VII
Statue du roi Edouard VII face au Théâtre Edouard VII. A droite le "kinémacolor". Paris. 1913.
Source: Galerie Roger Viollet 

Avec la fin de l'entreprise, chacun des collaborateurs va suivre sa route. Dès 1913, Robert Schwobthaler rejoint la Express-Films Co de Fribourg. Il semble par ailleurs qu'une partie de la production de la "Raleigh & Robert" ait été exploitée par cette société, puis par la Variety Films Corporation. Quant à Charles Raleigh, il quitte la France pour résider aux États-Unis en 1914 où il continue ses recherches sur le cinématographe en couleurs.

Sources

"ANDRÉ DEBRIE", Bulletin de l'AFITEC, 4e année, nº H.S. "Livre d'Or", 1950, p. 17.

CONVENTS Guido, Préhistoire du cinéma en Afrique 1897-1918. A la recherche des images oubliées, OCIC, 1986, 238 p.

MESGUICH Félix, Tours de manivelle, Paris, Grasset, 1933, 304 p.

MICHAUT Pierre, "Avec Léopold Maurice du Salon Indien au Cinéma-Tirage L. Maurice", La Cinématographie française, numéro spécial "Hommage de la Cinématographie française. Quarante ans de cinéma", novembre 1935, p. 41 et 43.

"Le Tour du Monde en Automobile et le Cinématographe. RALEIGH & ROBERT", La Comète Belge, Bruges, p. 25-26.

VIVIÉ J., "Souvenirs de 75 ans. Léopold Maurice Témoin des débuts du cinéma", Bulletin de l'AFITEC, nº 29, 23e année, 1969, p. 3-8.

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